ESTOC
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cuneus veritatis
Le théologien Hans Küng, qui enseignait autrefois à Tübingen, vient d’écrire une lettre aux évêques du monde. C’est un acte d’accusation du pape régnant, auquel il reproche de trahir les espérances qu’ensemble ils partageaient quand ils étaient les plus jeunes théologiens conciliaires.
C’est par pur artifice qu’on feint de considérer encore M. Küng comme un théologien catholique. Au fil de ses publications, on a pu le voir mettre en doute puis rejeter la plupart des dogmes catholiques et, dans une récente publication sur l’Islam, en arriver à vanter le monothéisme mahométan qui devrait servir à rejeter la doctrine traditionnelle de la Sainte-Trinité, née, dit-il, d’une spéculation hellénistique audacieusement éloignée du sol biblique...
Il n’est pas sans intérêt de connaître quelques critiques que le théologien adresse au pape, pour un pontificat qui serait celui des occasions manquées. Car il aurait manqué le rapprochement avec les Eglises protestantes; l’accord durable avec les juifs; le dialogue ouvert avec les musulmans; l’opportunité africaine, en interdisant le préservatif; la paix avec la science en ne reconnaissant pas la théorie de l’évolution; la chance de l’Eglise en ne faisant pas de Vatican II son unique boussole. Il agirait même directement contre ce concile en réintégrant des évêques qui le rejettent sur de points essentiels et en encourageant par tous les moyens le retour à la messe tridentine.
Ce n’est là qu’un modeste aperçu d’un long pensum qui en appelle pour terminer à une insurrection des évêques contre le pape.
Il me souvient m’être réjoui le jour où Rome avait enfin retiré au personnage sa mission canonique. Mon évêque avait alors publiquement blâmé ce manque de charité. Trente ans ont passé. Küng est toujours aussi détestable; je manque toujours de charité; mais mon évêque, promu dans la garde rapprochée du Souverain pontife, répondra-t-il à cette lettre?
samedi, 24 avril 2010
Rembarre
De Küng aux évêques